Le point de vue d'un directeur de maison d'arrêt
Interview de Michel Wagner, directeur de la maison d’arrêt
du Puy-en-Velay, 21 mn, extraits
La prison du Puy passe au Scan, RCF & Zoomdici, 1er mai 2015 |
C’est toute la difficulté de la maison d’arrêt : ça
crée une promiscuité, d’abord parce qu’on a ce fameux sureffectif et puis parce
que dans la définition, la maison d’arrêt, eh bien on y arrête tout le monde,
le petit délinquant jusqu’à la personne qui a commis le pire. Et c’est vrai que
mon travail c’est d’arriver à faire cohabiter toutes ces personnes-là ensemble.
Alors vous avez les délits, vous avez les crimes, vous avez les affaires de mœurs,
vous avez l’escroquerie, vous avez les trafics et puis vous avez celui qui a 18
ans, celui qui a 77 ans, vous avez celui qui est d’une confession religieuse au
profit d’une autre. Vous avez toutes catégories de personnes. […]
A la maison d’arrêt du Puy-en-Velay, nous avons une unité locale d’enseignement, une personne qui est responsable de cette unité, qui est détachée de l’Education nationale, qui fait un repérage de l’illettrisme à chaque arrivant et propose systématiquement à toute personne qui se trouve en difficulté de pouvoir l’aider le temps qu’il est incarcéré. Alors la proportion, oui c’est vrai qu’on a une forte proportion de personnes qui sont en difficulté d’écriture ou de calcul. D’où l’intérêt d’avoir cette unité locale d’enseignement qui permet, peut-être pas de rattraper le retard mais tout au moins d’arriver à compenser un peu le manque de cette personne sur ces thématiques d’éducation. […] On ne peut rien obliger ou imposer à une personne détenue. C’est toujours basé sur le volontariat. Simplement je crois que la personne détenue a l’intelligence de comprendre où se situe son intérêt. Soit on fait une détention et la détention ne sert à rien c’est-à-dire qu’on ne s’engage dans rien et on fera son temps et on fera sa peine jusqu’au bout et on sera libéré, ce qu’on appelle une sortie sèche. Peut-être que certains détenus sont encore sur cette idée-là. Mais de moins en moins. Aujourd’hui la personne détenue comprend parfaitement où se situe son intérêt : tout est mis en place pour aménager la peine et chaque détenu, ici à la maison d’arrêt du Puy-en-Velay, je peux vous affirmer que la personne détenue, à peine est-elle entrée, étudie toutes les possibilités qui lui sont données pour l’aider à en sortir. |